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Étude sur les possibles éléments Ménippées dans la Consolatio de Boèce

-Cyniscos : Auparavant, Zeus, explique-moi encore ceci : si elles –les Moires- vous commandent vous aussi et si vous êtes nécessairement attaches à leur fil.

-Zeus : Nécessairement, Cyniscos. Mais pourquoi donc ce sourire?[1]

 Alors elle eut un léger sourire :

–     Tu m’appelles, dit-elle, à la question la plus importante de toutes et un discours exhaustif pourrait à peine y suffire. Et de fait, le sujet est tel qu’une fois tranchée une incertitude, d’innombrables autres repoussent comme les têtes de l’hydre et il n’y a pas d’autre moyen que de les contenir avec la flamme la plus vive de l’intelligence.[2]

 

[1] p.314 – 4. Lucien. Zeus Confondu (Juppiter Confutatus). Œuvres Tome II. Opuscules 11-20. Texte établi et traduit par Jacques Bompaire. Las Belles Lettres, Paris, 1998.

[2] IV-6. 2 et 3, p.251. Boèce. La Consolation de Philosophie. Lettres Gothiques. Le Livre de Poche. Librairie General Française, Paris. 2005.

 


Version PDF intégrale. Revue de Philosophie Phares, Université Laval.

 

Introduction

De Consolatione Philosophiae de Boèce a été classé du point de vue littéraire comme appartenant à plusieurs genres, entre autres, au domaine du genre littéraire de la Satire Ménippée. Il y a des opinions contradictoires à ce sujet, et aussi des discussions au sein même de ceux qui pensent qu’il s’agit d’une Satire Ménippée. Puisque leurs arguments varient avec les perspectives de chacun, ils arrivent à des conclusions très différentes dans l’interprétation finale du texte. Connaissant ce débat, il semble donc être la clé pour approfondir la compréhension de l’œuvre dans son intégralité. Cette étude tente de résumer les approches des auteurs plus populaires dans l’étude de l’œuvre boécienne, au respect de la possible appartenance de la Consolatio au genre Ménippée, et aussi, très brièvement, ses similitudes avec le dialogue socratique, par son appartenance commune avec la Satire Ménippée à l’esthétique de spoudogelaion ou sérieux-risible.

On trouve une importante variété d’opinions de ces différents érudits, chacun avec son point de vue, ses connaissances et depuis ses circonstances individuelles, qui évaluent les différents paramètres d’influences littéraires, historiques, sociales ou philosophiques pour parvenir à une conclusion, toujours subjective, à propos du genre littéraire auquel appartient l’œuvre. Assigner une œuvre à un genre c’est toujours une tâche difficile et subjective, mais plus encore si, comme le sujet qui nous préoccupe, il s’agit d’une œuvre qui se distingue par son originalité dans son époque – originale dans son intégralité, à la fois dans le contenu que dans la forme -, par sa complexité argumentative et formelle, et aussi par son incontestable beauté comme œuvre littéraire.

La première section est une brève introduction nécessaire au genre littéraire de la Satire Ménippée, pour céder ensuite, lors de la deuxième et troisième section,  à une étude plus détaillée des possibles éléments de la tradition Ménippée et du ‘règne du sérieux-risible’ [1] qui peuvent être détectés dans la Consolatio. Pour cette troisième partie, nous nous servons principalement de l’excellente description des quatorze principales caractéristiques de la Satire Ménippée développée par Bakhtin, avec des contributions ponctuelles d’autres auteurs, pour faire notre propre ‘test ménippée’ de la Consolatio.

Dans la quatrième section, nous résumons les différents arguments des plus célèbres auteurs. Les interprétations et les opinions, souvent confrontées, de Bakhtin, Marenbon, Relihan et d’autres spécialistes en la matière, occupent donc cette section.

La cinquième et dernière section correspond à une conclusion générale sur les différentes approches du problème de l’appartenance de la Consolatio au genre ménippée, étudiées lors du présent étude.

 

TABLE DES MATIERES

 INTRODUCTION

I. Le genre littéraire de la satire ménippée

II. De Consolatio Philosophiae dans la tradition ménippée

III. Relation de la Consolation de Philosophie et le ‘royaume sérieux-risible’ décrit par Bakhtin:

  1. Le Dialogue Socratique
  2. La Satire Ménippée

 IV. Quelques interprétations du problème

  1. Marenbon vs. Relihan
  2. Autres interprétations

V. CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

Version PDF intégrale. Revue de Philosophie Phares, Université Laval.

 

 


[1] Bakhtin (voir note suivante) dérive le carnaval et la carnavalisation de la littérature du règne du «sérieux-risible» avec les exemples des dialogues socratiques et de la satire ménippée.

[2] «Frye’s discussion was thus soon eclipsed by translations of Mikhail Bakhtin’s Problems of Dostoevsky’s Poetics in 1973 and specially again in 1984. Bakhtin became the prime theorist both of the novel and, as a powerful bye-blow, of what he calls “menippea” and its ample amplitude in a seriocomic form. » Howard D. Weinbrot, Menippean Satire Reconsidered. From Antiquity to the Eighteenth Century.. The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2005. p.12.

 

 

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