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Relation entre la Consolation de Philosophie et le ‘royaume sérieux-risible’ décrit par Bakhtin

Version PDF intégrale. Revue de Philosophie Phares, Université Laval.

Dans la théorie de Bakhtin, nous trouvons la Satire Ménippée comme partie de ce qu’il appelle «carnival sense of the world», comme nous avons vu à la fin de la première section. Les satires ménippées sont donc l’un des deux genres principaux avec lesquels s’exprime le royaume sérieux-risible [1]. L’autre, c’est le dialogue socratique. Les deux genres ont eu des influences claires sur notre Consolatio, alors voyons quelles caractéristiques mentionnées par Bakthin peuvent décrire, ou non, l’œuvre de Boèce. Mais avant de continuer avec cela, voyons quelles sont les caractéristiques distinctives des genres du sérieux-risible pour Bakhtin : Où est le point commun entre les dialogues socratiques et la satire ménippée? On voit toute leur diversité extérieure, mais Bakhtin nous explique qu’ils sont unis par leur lien profond avec le folklore carnavalesque. Ils sont tous – dans une plus ou moins grande mesure –  saturés d’un spécifique carnival sense of the world.

En résumé, Bakhtin distingue trois caractéristiques de base dans les genres du sérieux-risible:

1) Une nouvelle relation avec la réalité. Les figures historiques, des héros ou divinités sont présentées dans la réalité quotidienne.

2) Ils ne se basent pas sur la légende, mais sur l’expérience et l’invention libre, ce qui est une véritable révolution dans l’histoire de l’image littéraire.

3) Style libre, hétérogène. Il renonce au style unique de l’épopée, la tragédie, la haute rhétorique et le lyrique. Les histoires vont avoir une grande variété de tons. Cela conduit à une radicale nouvelle relation avec le mot en tant que matériau de littérature.

 

  1. Le Dialogue Socratique

Les caractéristiques du dialogue socratique peuvent se marier en quelque sorte avec la Consolatio, mais il semble que ce ne soit pas assez pour marquer l’œuvre dans ce genre. La notion socratique de la nature dialogique de la vérité et, en même temps, la nature dialogique de la pensée humaine sur la vérité, apparaissent dans la Consolatio. Le caractère rationnel non divin[2], qui est affecté à Philosophie elle-même, la place dans un plan similaire à Socrate[3]. Comme signale l’auteur, Socrate ne s’est jamais appelé lui-même le possesseur exécutif d’une vérité toute faite[4].

Alors que le dialogue entre le prisonnier et Philosophie tend à être un monologue de cette dernière, c’est dans cette approche de la vérité dans un dialogue de co-création, où les deux personnages, sous l’influence de Philosophie, essayent de mettre en lumière diverses questions philosophiques, en particulier dans les quatrième et cinquième livres.

Dans la Consolatio on retrouve également deux instruments de base des dialogues socratiques, que Bakhtin observe comme une deuxième caractéristique du genre: la syncrisis (sugkrisiç) et l’anakrisis (anacrisiç). La première, comprise comme une juxtaposition de différents points de vue sur un objet spécifique, se trouve plusieurs fois dans les arguments de Philosophie. L’anakrisis, comprise comme un moyen d’amener les paroles de l’interlocuteur, le forçant à exprimer son opinion, est moins évidente dans l’œuvre de Boèce, mais pourrait également se trouver dans certaines interventions de Philosophie, pour provoquer des réactions du personnage de Boèce, qui contribuent finalement au développement des raisonnements. Dans la satire ménippée, cette «provocation du mot par le mot » qu’est l’anakrisis, ne se donne pas. Au lieu de cela, nous trouverons la provocation de la parole par la même situation de l’intrigue.

Aussi, en commun avec le dialogue socratique, nous avons le caractère idéologique de ses personnages[5].

Bakhtin mentionne comme quatrième caractéristique du dialogue Socratique que le tracé de l’histoire lui-même est utilisé comme outil d’anakrisis. Il se crée une situation extraordinaire qui facilite au personnage la révélation de sa pensée profonde ou de son humeur. Tel est le cas de l’Apologie de Platon, dans lequel la peine de mort détermine le caractère spécial et la façon de parler de Socrate. Dans ce cas, nous avons une correspondance complète avec la Consolatio, car la situation du prisonnier et sa condamnation à mort, ont nécessairement une influence décisive sur le développement du dialogue. Les sujets de conversation commencent toujours par l’angoisse et le sentiment d’abandon du prisonnier.

La cinquième et dernière caractéristique que Bakhtin donne au dialogue socratique est la combinaison organique d’une idée à l’image d’une personne, qui devient porteuse de cette idée. Bakhtin montre comme exemple les sophistes ou d’autres figures historiques dans les dialogues. Ses paroles ou citations ne sont pas montrées, mais elles apparaissent dans le scénario du dialogue, en dialoguant et contribuant avec ses perspectives au développement de l’œuvre. Cette caractéristique est intéressante, car elle est très proche de ce qui va donner lieu à des dialogues de la mort, propres à la satire ménippée, dans lesquels les personnages de différents moments historiques parlent entre eux. Le ton de la Consolatio nous fait penser qu’elle serait plus proche de l’accent mis dans les dialogues socratiques. La façon, par exemple, pour Philosophie de citer Platon, Aristote ou Cicéron, mais sans donner vie à ces personnages pour montrer leurs idées, donne à l’œuvre un caractère syncrétique plus identifié avec le dialogue socratique.

Même si le dialogue socratique a des caractéristiques très propres, et même si en tant que genre littéraire il n’a pas continué d’exister et qu’il s’est désintégré en donnant lieu à d’autres genres (y compris, en partie, à la satire ménippée [6]), la Consolatio a de nombreux points communs avec lui. Les cinq caractéristiques qui définissent le genre selon Bakhtin, pourraient d’une certaine manière également définir le style littéraire de la Consolatio. Quoi qu’il en soit, l’influence de ce genre semble évidente dans l’œuvre de Boèce.

  1. La Satire Ménippée

Bakhtin énumère 14 caractéristiques de base pour le genre ménippée[7]:

  • An increased comic element.

Bakhtin commente ici la variation de l’élément comique parmi les différentes satires ménippées, et il cite comme exemple Varron, le plus représentatif de cette caractéristique, et la Consolatio de Boèce comme l’exemple inverse, avec un élément comique très réduit. C’est significatif pour notre étude la manière dont Bakhtin apprécie cette réduction de l’élément comique[8]: Le phénomène du rire réduit – ‘reduced laughter’– est d’une importance considérable dans la littérature mondiale, signale Bakhtin. Le rire réduit est privé d’expression directe, c’est-à-dire il ne sonne pas, mais des traces de celui-ci restent dans la structure d’une image ou d’un discours et peuvent y être détectées. Paraphrasant Gogol, on peut parler de rire invisible au monde – laughter invisible to the world-.

L’interprétation de la Consolatio qui peut le mieux représenter ce rire réduit, c’est peut-être celle de Relihan. Comme on verra dans la quatrième section, « everyone to date has missed the joke [9]», et aussi depuis l’interprétation de Marenbon on devrait trouver certain rire réduit quand on voit les prétentions de sagesse de Philosophie frustrée dans ses incohérences argumentatives.

  • Liberation from history and legend so that it is unfettered by ‘’demands from an external verisimilitude to life’’ and includes ‘’an extraordinary freedom of plot and philosophical invention”.

Il est possible que Bakhtin veuille souligner avec cette caractéristique, d’une part, une évolution des genres sérieux-risible concernant les dialogues socratiques – encore limités par la légende, l’histoire et les mémoires – et d’autre part, une affirmation des deux premières caractéristiques précédemment données à tous les genres sérieux-risible39, à savoir, une nouvelle relation avec la réalité du présent quotidien, sans les distances tragiques ou les épopées, et l’auto-invention comme une rupture radicale de la relation avec l’épopée, qui vient maintenant être traitée de façon critique, et même parfois depuis une exposition cynique. Est-ce que la Consolatio nous signale cette libération de l’histoire et de la légende? Est-elle révélatrice de ne pas avoir entravé les exigences d’une vraisemblance extérieure à la vie et comprend-elle une extraordinaire liberté d’intrigue et d’invention philosophique ? Le rôle de Philosophie, même si elle peut être présentée comme une figure divine en apparence et dans son mode d’apparition au début, ne montre pas une demande de vraisemblance externe à la vie, car elle a toujours des raisonnements d’un point de vue humain (elle insiste sur sa nature non divine) 40, donc il ne semble pas y avoir d’éléments mythiques ou légendaires, et d’autre part, bien que l’intrigue de l’oeuvre est simple en ce qu’elle touche le développement de l’action41, la liberté de création et d’invention philosophique que l’auteur montre à la fois sur le scénario et dans les dialogues entre les deux personnages est tout à fait évidente, avec des scènes de la vie quotidienne pour illustrer les différentes pensées42. Cependant, par rapport aux oeuvres plus représentatives de la satire ménippée, l’extraordinaire liberté d’intrigue dans la Consolatio ne semble pas être au même niveau.

  • Bold unrestraint in its ‘’use of the fantastic’’ for ‘’testing of a philosophical idea’’

Une généreuse utilisation du fantastique pour prouver une idée philosophique. Ceci est pour Bakhtin la caractéristique la plus représentative du genre. L’utilisation de la fantaisie pour obtenir la création de situations extraordinaires qui provoquent et testent une idée philosophique, un discours, une vérité, habituellement incarnée dans une personne sage qui cherche cette vérité. Bakhtin souligne que le fantastique ne s’apparente pas à une incarnation positive de la vérité, mais plus à un moyen de la provoquer et de la tester[10].

C’est à cette fin que les héros de la satire Ménippée montent aux ciels, descendent dans l’enfer ou visitent des mondes fantastiques, et se retrouvent dans des situations extraordinaires de la vie. En ce sens, nous trouvons une situation rare et extraordinaire dans notre Consolatio. Un prisonnier sage, un homme déprimé en prison, parle à la dame Philosophie, d’aspect magique, qui tente de le consoler avec sa sagesse. Le fantastique et l’extraordinaire sont présentés dans une unité artistique avec l’idée philosophique de l’œuvre. Et le plus essentiel selon Bakhtin, c’est la question d’essayer une pensée, une vérité et non le caractère humain des personnages. Il s’agit de vérifier, d’essayer le message de Philosophie au prisonnier et sa position philosophique dans le monde, pas d’essayer d’autres traits du caractère du personnage, indépendant de cette position. On trouve ici, dans les paroles de Bakhtin, l’aventure d’une idée ou de la vérité dans le monde[11].

  • Joining of the fantastic and symbolic with ‘’crude slum naturalism’’

Les aventures de la vérité, à la suite du commentaire précédent, quand ils se produisent sur la terre, sont données dans les endroits les plus sales et hostiles[12]. C’est ce qui arrive dans la Consolatio, où un homme sage, le protagoniste, se trouve enfermé en prison, étant victime du mal et de la turpitude morale du monde dans son expression extrême[13].

  • Contemplation of the world on the broadest possible scale and ‘’consideration of ultimate questions”

Tout au long de la Consolatio, le fait que le prisonnier sera exécuté plus tôt ou plus tard crée une atmosphère oppressante et dramatique qui affecte inévitablement le contenu et la forme du dialogue[14]. Les questions du prisonnier, ses préoccupations, sont simples et ne se posent pas académiquement. Ses préoccupations, sur l’injustice du monde qui l’a conduit à la prison, ou à propos de la validité de la prière à Dieu, ont toutes un caractère direct, pratique et éthique, qui ne porte pas de charge théorique dans sa formulation[15]. Au contraire, les réponses de Philosophie ont un contenu théorique important, en utilisant des principes et des raisonnements propres de la philosophie contemporaine de l’auteur, mais sont présentées en tout cas dans sa forme la plus simple (contrairement à d’autres œuvres de Boèce, de caractère clairement technique), et en plus sont présentées avec divers changements de rythme que l’on trouve tout au long de l’œuvre.

Peter Dronke souligne comme mérite poétique de Boèce, le ton dramatique qui marque l’appartenance de l’œuvre à la poésie O qui perpetua (III-9, p. 173)[16]. Dronke comprend cette poésie, comme la plupart des médiévistes, comme le point central de l’œuvre. Peter Dronke explique l’atmosphère dramatique qui génère la polarité entre les deux personnages au moment où Philosophie récite la prière au nom du prisonnier, tel qu’il l’avait demandé à la fin de la prose précédente. Ceci est, selon Peter Dronke, le moment le plus ménippéen de l’œuvre. [17]

  • Plot structure that takes us ‘’from earth to Olympus and to the nether world’’ and thus engenders dialogues of the dead

Bakhtin distingue une structure de trois plans à partir de ces trois endroits (la terre, l’Olympe et le monde inférieur). Les dialogues aux portes de ces mondes sont très typiques dans le genre. L’auteur les identifie comme des dialogues du seuil, threshold dialogues, et il note l’influence qu’ils ont eue par la suite au Moyen Âge[18]. De notre point de vue, dans la Consolatio cette structure à trois plans n’est pas appréciée, mais ce qu’on trouve c’est le fait que le prisonnier est dans les derniers jours de sa vie, et par conséquent, il se produit d’une certaine manière un dialogue sur le seuil. Bien qu’elle n’ait pas une structure à trois plans, la situation peut être interprétée comme celle d’un homme dans une antichambre à un autre plan d’existence. D’autre part, la cosmogonie néoplatonicienne, basée sur une verticalité hiérarchique des domaines allant depuis l’humain au divin, est une constante dans l’œuvre. On parle de cette verticalité dans le point suivant.

  • ‘’Experimental fantasticality’’ that takes one on high and changes ‘’the scale of the observed phenomena of life’’

L’auteur illustre cet aspect avec les exemples de voyages dans l’Icaroménippe de Lucien, ou dans les Endymiones de Varron. Il s’agit d’observer la vie d’une ville d’une grande hauteur[19], c’est le « regard d’en haut», propre de la tradition grecque, développé par Narbonne dans son Antiquité Critique et Modernité[20]. Même si dans la Consolatio, il n’y a aucun voyage d’un point de vue physique plus élevé, nous trouvons cependant une description des comportements humains très similaire à ce que nous pouvons trouver par exemple dans l’Icaroménippe de Lucien. On peut voir de façon transparente la vie quotidienne des gens, leurs passions, leur avidité. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un regard physique, on finit par voir toute une représentation détaillée comme dans un grand théâtre où errent des personnages connus, de chair et de sang, et ils nous montrent toute leur turpitude morale, dans son sens le plus carnavalesque.

  • ‘’moral-psychological experimentation: a representation of the unusual, abnormal, moral and psychic states of a man’’ like madness

Bakhtin illustre cette caractéristique avec de nombreux exemples concernant les rêves, les troubles mentaux, la double personnalité, les suicides, etc. qui provoquent une rupture de la linéarité de la personnalité du personnage, qui se découvre à lui-même dans une nouvelle approche de la vie. Rien de tout cela n’apparaît dans la Consolatio. Cependant, Bakhtin illustre aussi cet aspect avec un exemple dans lequel on pourrait voir certains parallélismes avec la Consolatio: Nous parlons de Bimarcus, l’œuvre ménippée de Varron. Dans Bimarcus  –  Le Double Marcus –, le personnage protagoniste est divisé en deux rôles, il y a d’un côté sa propre personne et de l’autre sa conscience. Bimarcus passe à travers des situations comiques en raison de la volonté différente de leurs deux «moi». Bakhtin note ici l’impact de cette découverte artistique dans le Soliloquia de San Agustin[21]. Dans cette ligne, on pourrait établir une influence ménippéenne sur le dialogue de Boèce, si nous interprétons que la conversation du prisonnier est tenue avec sa propre raison, incarnée par la dame Philosophie[22].

  • Scandal scenes and violation of ‘’the stablished norms of behavior and etiquette’’ that free us from predetermined motives and norms

Nous ne trouvons pas cette caractéristique dans la Consolatio, sauf peut-être dans l’introduction au premier livre, dans la façon dont les muses sont rejetées. Le scandale ou des mots inappropriés ne sont pas en tout cas une caractéristique dans l’œuvre de Boèce.

  • Sharp contrasts, for ‘’the menippea loves to play with abrupt transitions and shifts, ups and downs, rises and falls, unexpected comings together of distant and disunited things, mésalliances of all sorts’’

Notre prisonnier est un exemple clair de ce contraste oxymorique décrit par Bakhtin[23]. Le caractère de Boèce, autobiographique, nous est décrit comme sage et prudent, bon souverain, mais cependant conduit à la prison et traité comme un criminel.

  • ‘’Social Utopia’’ as in ‘’dreams or journeys to unknown lands’’

Nous ne trouvons pas cette caractéristique dans la Consolatio.

  • Extensive use of other inserted genres, like letters, prose, or poetry

Ceci est l’une des caractéristiques qui ont conduit à considérer la Consolatio comme faisant partie du genre ménippée: sa prosimétrie.

  • Consequent ‘’multi-styled and multi-toned’’ works

À la suite de son prosimètre, on trouve également des changements dans le ton et le style de l’œuvre. Il y a aussi une atmosphère changeante en fonction de la progression de la conversation.

 

 

  • ‘’concern with current and topical issues’’ that make it ‘’the ‘journalist genre’ of antiquity’’

Dans la Consolatio, il est décrit en détail le processus injuste par lequel Boèce – personnage –  est emprisonné. Il s’agit de données autobiographiques et de personnalités publiques qui sont mentionnées avec des données d’actualité. On trouve donc dans ce fragment de l’œuvre cette dernière caractéristique que Bakhtin donne au genre ménippée.

 

TABLE DES MATIERES

 INTRODUCTION

I. Le genre littéraire de la satire ménippée

II. De Consolatio Philosophiae dans la tradition ménippée

III. Relation de la Consolation de Philosophie et le ‘royaume sérieux-risible’ décrit par Bakhtin:

  1. Le Dialogue Socratique
  2. La Satire Ménippée

 IV. Quelques interprétations du problème

  1. Marenbon vs. Relihan
  2. Autres interprétations

V. CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

Version PDF intégrale. Revue de Philosophie Phares, Université Laval.


 

 

[1] At the close of classical antiquity, and again in the epoch of Helenism, a number of genres coalesced and developed, fairly diverse externally but bound together by an inner kinship and therefore constituting a special realm of literature, which the ancients themselves very expressively called spoudogéloion, that is, the realm of the serio-comical. –Bakhtin. P. 106

[2] En relation au caractère non divin de Philosophie, voir note 49.

[3] L’oeuvre va prendre la forme d’une maïeutique ou la Visiteuse joue le rôle de Socrate. Les réponses confiées à son interlocuteur (…) engagent le lecteur, comme savait déjà le faire Platon, dans un processus d’adhésion. – P.33. Introduction de Jean-Yves Tilliette.

[4] Socrates never called himself the executive possessor of a ready-made truth. Truth is not born nor is it to be found inside the head of an individual person, it is born between people collectively searching for truth, in the process of their dialogic interaction. –Bakhtin. P. 110

[5] And the very event that is accomplished in a Socratic dialogue (or more precisely, that is reproduced in it) is the purely ideological event of seeking and testing truth. – P. 110. Mikhail Bakhtin. Problems of Dostoevsky’s Poetics.

[6] Ibid. But Menippean Satire cannot of course be considered a pure product of the decomposition of the Socratic dialogue (as it sometimes does), since its roots reach directly back into carnivalized folklore, whose decisive influence is here even more significant than it is in the Socratic dialogue. P. 110.

[7] Ibid. P.114-P.119

[8] Ibid. P. 178

[9] Danuta Shanzer, à propos de l’interprétation de Relihan. –    Interpreting the Consolation. The Cambridge Companion to Boethius. Cambridge University Press 2009. P. 235

[10] We emphasize that the fantastic here serves not for the positive embodiment of truth, but as a mode for searching after truth, provoking it, and, most important, testing it. Mikhail Bakhtin. Problems of Dostoevsky’s Poetics. P. 114

Like early Platonic dialogues, Menippean satires show truth not as ready-to-hand or imposed, but as emerging dialogically, among people who search for it together. Peter Dronke. Verse with Prose from Petronius to Dante. The Art and the Scope of the Mixed Form. Harvard University Press. Cambridge, Massachusetts. London, England. 1994. P5

[11] In this sense one can say that the content of the menippean is the adventures of an idea or a truth in the world: either on earth, in the nether regions, or on Olympus. Mikhail Bakhtin. Problems of Dostoevsky’s Poetics. P. 115

[12] Ibid. The adventures of truth on earth take place on the high road, in brothels, in the dens of thieves, in taverns, marketplaces, prisons, in the erotic orgies of secret cults, and so forth. The idea here fears no slum, is not afraid of any of life’s filth. P115

[13] Ibid. The man of the idea -the wise man- collides with worldly evil, depravity, baseness, and vulgarity in their most extreme expression. P.115

[14] Ibid. The menippea strives to provide, as it were, the ultimate and decisive words and acts of a person, each of which contains the whole man, the whole of his life in its entirety. P. 115.

[15] Ibid. All problems that were in the least “academic” (gnoseological and aesthetic) fell by the wayside, complex and extensive modes of argumentation also fell away, and there remained essentially only naked “ultimate questions” with an ethical and practical bias. P.115

[16] La Consolation de Philosophie. Boèce. Lettres Gothiques. Le Livre de Poche. Librairie General Française, Paris. 2005.

[17] The most deeply Menippean episode in the work, I suggest, is that of O qui perpetua: here, to cite once more from Bakhtin’s definition, we see that “The menippea is a genre of ‘ultimate questions’. In its ultimate philosophical positions are put to the test”. Peter Dronke. Verse with Prose from Petronius to Dante. The Art and the Scope of the Mixed Form. Harvard University Press. Cambridge, Massachusetts. London, England. 1994. P.46

 

[18] The genre of the « threshold dialogue » was also extremely widespread in the Middle Ages, in the serious as well as the comic genres. Mikhail Bakhtin. Problems of Dostoevsky’s Poetics, P. 116

[19] Ibid. Observation from some unusual point of view, from on high, for example, which results in a radical change in the scale of the observed phenomena of life. P. 116

[20] Le fait est, comme on l’a observé, que l’«anodoς» [voie montante] est un thème familier à la littérature cynique et à la comédie », lequel permet, on vient de le voir (citation précédente à Icaroménippe, 11), de porter « comme le grand Zeus » son regard vers le bas. P.22. Jean-Marc Narbonne. Antiquité Critique et Modernité. Les Belles Lettres, Paris 2016.

[21] This dialogue between the two Marcuses, that is between a person and his conscience, is in Varron presented comically, but nevertheless as a sort of artistic discovery it exercised crucial influence on the Soliloquia of Augustine. Mikhail Bakhtin. Problems of Dostoevsky’s Poetics, P. 117

[22] Depuis le point de vue de Courcelle, l’écrivain été fortement influencée par le néo-platonisme de son époque, et il croit que il pourrait développer une  théologie purement rationnelle, complémentaire à la foi chrétienne. Selon Courcelle, par conséquent, Philosophie n’est un ange ou une figure divine, mais plutôt une personnification de la raison humaine, et l’auteur de la Consolatio prévoit déjà donc la distinction entre foi et raison qu’aura plus tard Thomas. – Voir Boethius de Marenbon, P.156

Peter Dronke interprete aussi cette caracteristique de la Consolatio comme un element ménippée: Some medieval thinkers, such as Peter Abelard and Jean de Meun, likewise interpreted Boethius’ arguments with Philosphia as a dialogue between the author and his own reason (…). A caustic Menippean note can at times be heard; in all of them it implies, in Bakhtin’s words about the Menippean spirit, a “search after the truth, its provocation and…its testing”.

Verse with Prose from Petronius to Dante. The Art and the Scope of the Mixed Form. Peter Dronke. Harvard University Press. Cambridge, Massachusetts. London, England. 1994.

Le caractère non divin de Philosophie est aussi note para Marenbon, qui mentionne plusieurs notes de la Consolatio ou Philosophie reconnaitre son perspective humaine des choses, rationnel et non divine –p.154 ‘Boethius’ : As leader and representative of the true tradition of philosophy, Philosophy (…) is not divine. (…) Even when she is explaining the most impenetrable of problems, Philosophy’s perspective is always that of the human searcher, trying to approach the divine in diffidence of his own powers.

Klingner a un perspective très diffèrent, en donnant à Philosophie un rôle religieux. Voir notes 75,76, et 83.

[23] The menippea is full of sharp contrasts and oxymoronic combinations: the virtuous hetaera, the true freedom of the wise man and his servile position, the emperor who becomes a slave, moral downfalls and purifications, luxury and poverty, the noble bandit, and so forth. Problems of Dostoevsky’s Poetics. P. 118

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